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(Dans le contexte de crise actuel, nous vous invitons à lire attentivement cette série d’articles, rédigée début 2012 et composée de huit parties.)
Tout comme l’article de 2017 du magazine «Strategist» intitulé « Les États-Unis devraient soutenir le projet de création d’un État kurde en Irak » et la publication de 2006 «Une nouvelle carte du Moyen-Orient selon les liens du sang et les similitudes religieuses», évoquent le projet des milieux occidentaux de créer un grand État kurde. Ce projet poursuit deux objectifs:
a) créer un État kurde sur le territoire de l’Arménie occidentale, sous-mandat d’Israël et de l’Occident;
b) suspendre, une fois de plus, pour une certaine période, la mise en œuvre des droits accordés au peuple arménien et le règlement de la question arménienne, à l’instar de ce qui s’est passé en 1920-1921 et en 1945.
Nous avons abordé ces programmes dans un certain nombre de discours, de publications et d’analyses depuis 2010. Il nous semble opportun de reprendre à la fois les publications présentant les programmes occidentaux et les articles que nous avons déjà préparés à leur sujet.
État d’Arménie (République d’Arménie Occidentale)
22 septembre 2025
L’Iran dans l’article et les cartes de Ralph Peters
(Partie 3)
Dans son article du 6 juin 2006 intitulé « Les frontières sanglantes : à quoi ressemblerait un meilleur Moyen-Orient » (“Blood Borders: How a Better Middle East Would Look”), le colonel américain à la retraite Ralph Peters écrit à propos de l’Iran : « Avec ses frontières insensées, l’Iran cédera une partie de son territoire à l’Azerbaïdjan Uni, au Kurdistan Libre, à l’État chiite arabe et au Baloutchistan Libre. Mais il acquerra la province afghane de Hérat, qui possède des liens historiques et linguistiques avec la Perse. Ainsi, l’Iran deviendra un État purement persan du point de vue ethnique. La seule question qui demeure est celle du port de Bandar Abbas : doit-il revenir à l’État chiite arabe ? C’est un problème difficile. » (1)
Tout cela signifie que ce processus baptisé « Printemps arabe », accompagné de la modification des frontières des États arabes – et qui équivaut en réalité à leur fragmentation – commencera par l’Iran, sera suivi de déplacements forcés de millions et de millions de personnes et pourrait effacer, à partir de l’Iran, les frontières naturelles ou artificielles ainsi que les structures étatiques de presque tous les pays voisins. Cela implique que cette région du Moyen-Orient s’enfoncera pour longtemps dans un marécage de conflits interethniques et religieux, de chaos, de contradictions, d’instabilité, de désordres et d’anarchie. Une question intéressante surgit : la pensée « experte » propose de tels projets, mais qui portera la responsabilité ? Les élites politiques?
Notons cependant qu’ici aussi, comme dans le cas de la communauté arménienne en Syrie (2), les droits des Arméniens vivant en Iran sont ignorés. Pour Ralph Peters et son groupe d’« experts », il semble que ni les Arméniens ni l’Arménie n’existent au Moyen-Orient. C’est pourquoi, encore une fois comme dans le cas syrien, il est nécessaire d’examiner les principaux défis qui menacent la communauté arménienne en Iran. Ceux-ci sont au nombre de trois : premièrement, lorsque l’Iran connaît une crise politique interne ; deuxièmement, lorsque l’Iran est soumis à une agression extérieure ; troisièmement, lorsque les Arméniens d’Iran, comme d’autres peuples du pays, sont contraints à l’exode.
Pour les deux premiers cas, le Conseil National d’Arménie Occidentale avait déjà prévu et défini, l’an passé, des mesures et mécanismes politico-juridiques précis afin de surmonter ces menaces. Ils sont formulés dans la décision spéciale du 29 mars 2011 intitulée « Sur la neutralité permanente, armée et positive des Arméniens d’Arménie Occidentale ».
En tenant compte de la possibilité d’une crise politique interne (en Iran, en Syrie ou dans tout autre État du Moyen-Orient), l’article 3 de cette décision stipule: «3. Les Arméniens d’Arménie Occidentale, y compris la population de la diaspora arménienne, ont le droit de ne pas participer aux guerres agressives, coups d’État, affrontements interethniques et interreligieux, ainsi qu’aux violences, massacres et génocides qui en découlent, en particulier dans les situations chaotiques provoquées ou dirigées. Ce droit est garanti par la Convention (V) concernant les droits et devoirs des puissances et des personnes neutres en cas de guerre sur terre (La Haye, 18 octobre 1907).»
En tenant compte de la possibilité d’une agression contre un tel pays (Iran, Syrie ou autre), l’article 4 de la même décision du Conseil National d’Arménie Occidentale stipule: «4. Les Arméniens d’Arménie Occidentale, y compris la population de la diaspora arménienne, ont le droit de se protéger contre les violences successives, les agressions, les déplacements forcés et les massacres, ainsi que de défendre le pays où ils résident contre les agressions extérieures, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies, qui souligne le droit à la légitime défense individuelle et collective.»
De plus, dans la continuité logique de ces décisions, un autre décret a été adopté le 26 décembre 2011 : «Sur la création d’un système national de défense et de sécurité».
Concernant la troisième menace – celle de l’exode forcé – la proposition suivante a été formulée : si, malgré tout, les Arméniens sont contraints de fuir, ils n’ont plus d’autre lieu de repli que leur patrie historique, avec toutes les conséquences politico-juridiques que cela implique (3). L’exemple des 500 000 citoyens arméniens d’Azerbaïdjan est déjà éloquent : la communauté internationale n’a assumé aucune responsabilité, et nous n’avons pas pu défendre leurs droits. Répéter la même expérience funeste, avec les mêmes échecs et omissions, n’est désormais plus tolérable.
C’est précisément ce que Ralph Peters et son groupe d’« experts » n’ont pas pris en compte, plaçant une fois de plus le Département d’État américain dans une position embarrassante.
La pensée dite « experte » américaine, à l’image de celle de Ralph Peters, place systématiquement le Département d’État dans une situation difficile : comme ce fut le cas pour l’ancien secrétaire d’État Colin Powell, lorsqu’il s’est avéré qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak ; ou pour Condoleezza Rice, lorsqu’il est apparu, durant la guerre osséto-géorgienne, que les Ossètes disposaient de suffisamment de ressources, de volonté et de détermination pour lutter pour leur indépendance et leur souveraineté ; ou encore pour Hillary Clinton, lorsqu’il s’est révélé que les programmes américains au Moyen-Orient ne prenaient pas en compte l’ampleur réelle des crises humanitaires ni les véritables responsables, pas plus que les droits et intérêts des Arméniens de la région.
Hillary Clinton n’est pas coupable d’être contrainte, à chaque fois, d’éluder les questions liées au Génocide des Arméniens, puisque la pensée « experte » américaine n’a pas pris en considération, a ignoré et a contourné les droits et intérêts des Arméniens vivant au Moyen-Orient – ce qui a conduit, en théorie, au « transfert » possible du Mont Ararat à la République d’Arménie. L’ignorance des droits des Arméniens et de l’Arménie a d’ailleurs été une raison suffisante pour condamner dès le départ à l’échec les Protocoles Arménie–Turquie, tout comme d’autres projets similaires seront voués à l’échec dans un avenir proche.
Il faut donc affirmer clairement que l’un des problèmes urgents de la politique étrangère américaine en général, et du Département d’État en particulier, est la nécessité d’un renouvellement et d’un changement profond des groupes et de la pensée « experte » américaine, sans lesquels l’émergence d’une politique étrangère véritablement nouvelle et adaptée est impossible, que ce soit au Moyen-Orient ou ailleurs dans le monde.
Il apparaît que beaucoup ne comprennent pas – ou feignent de ne pas comprendre – l’ampleur réelle des menaces qui pèsent sur les pays et les peuples du Moyen-Orient, y compris sur les Arméniens et l’Arménie, ainsi que leurs conséquences. Mais cela ne signifie pas que la nouvelle pensée politico-juridique arménienne, orientée vers la résolution de ces menaces, n’ait pas le droit de se développer et de s’enraciner parmi nous.
Initiative publique « Le Vœu d’Ararat » («Ուխտ Արարատի»), des combattants de la liberté et d’anciens prisonniers politiques de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie
13 mars 2012
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Références
- Voir Ralph Peters, « Blood Borders: How a Better Middle East Would Look », traduction et préface dans le quotidien « Azg », 25 août 2006.
- Voir « La Syrie dans l’article et les cartes de Ralph Peters », 27 février 2012, http://oukhtararati.com/
- Voir « Les Arméniens n’ont plus d’autre lieu de repli que leur patrie… », 14 février 2012, http://oukhtararati.com/